Le PSMIR anime une communauté de pratique (CdP) virtuelle composée de prestataires de services de santé, d'établissement et de services sociaux à travers le Canada qui soutiennent la santé mentale des immigrants et des réfugiés. Le forum de discussion en ligne de la CdP permet aux prestataires de poser des questions au groupe d'experts en la matière du projet. Nous vous présenterons quelques-unes des questions posées par les prestataires et les réponses fournies par les experts en la matière.
Question
Comment pouvons-nous répondre aux défis auxquels sont confrontés les immigrants et les réfugiés lorsqu’ils s’établissent dans un nouveau pays, qui peuvent entraîner des problèmes de santé mentale ? Quelles stratégies et ressources peuvent être partagées pour sensibiliser ces personnes à l’importance de prendre soin d’elles-mêmes ?
Dre. Debra Stein, Psychiatre (enfants et adolescents), Sick Kids Centre pour la santé mentale communautaire, répond :
Certains des plus grands défis en matière de santé mentale pour les immigrants et les réfugiés sont liés à des variables qui échappent pour la plupart au contrôle de l’individu, par exemple, un accès limité à un logement sûr et abordable, l’insécurité alimentaire, un statut incertain au Canada, le manque de reconnaissance des diplômes étrangers, le racisme/la discrimination/l’islamophobie, etc. Parmi ces variables, la pauvreté en particulier peut avoir un impact énorme sur la résilience et la santé mentale. La question ici concerne cependant les soins personnels, c’est-à-dire ce que les nouveaux arrivants peuvent faire pour faire face personnellement à ces fardeaux.
Le concept de « soins personnels » peut être culturellement limité et moins familier en dehors de l’Occident très individualiste. Le sacrifice de soi et le fait de ne pas s’occuper de ses besoins personnels peuvent être considérés comme des idéaux, une tendance particulièrement courante chez les parents. La métaphore du « masque à oxygène » peut être utile ici ; nous pouvons rappeler à nos clients la consigne, dans les avions, selon laquelle en cas de crise, le soignant doit d’abord mettre son masque à oxygène avant de s’occuper de son enfant.
Je pense qu’il est toujours important de commencer par les pratiques de soins personnels du client. Nous pouvons comprendre les difficultés structurelles et systémiques auxquelles le client est confronté, puis lui demander : « Comment pensez-vous soin de vous pendant cette période difficile ? » La réponse peut être très instructive et servir de tremplin à la discussion. Une deuxième question, si vous avez l’impression que les soins personnels sont minimes, pourrait être : « Comment les gens (hommes, femmes, parents, jeunes) de votre pays d’origine s’en sortent-ils et prennent-ils soin d’eux-mêmes lorsque les temps sont durs ? ».
Nous pouvons demander à nos clients ce qui leur procure paix et plaisir. Nous pouvons les interroger sur leurs amitiés et leurs relations sociales. Nous pouvons leur enseigner des techniques de relaxation de base telles que la respiration abdominale, la relaxation musculaire progressive et la visualisation d’une scène paisible. Nous pouvons aider nos clients à affirmer leurs besoins et à fixer des limites. Mais, comme le suggère la question, la première étape consiste à établir un lien avec nos clients sur la valeur des soins personnels. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous pourrons les aider à découvrir à quoi pourraient ressembler les soins personnels pour eux, personnellement.