Question & Réponse
avec Dre Clare Pain
Période d'adaptation pour les immigrants et les réfugiés, entre faits et différences
Question
“Existe-t-il un intervalle de temps ou une période pendant laquelle les réfugiés et les immigrants se sentent détendus ou mieux (soupir de soulagement) après leur arrivée dans le pays d'accueil ? Combien de temps faut-il pour s'adapter à un nouvel environnement pour les réfugiés et est-ce différent pour ceux qui émigrent ?”
Réponse
Il est difficile de généraliser sur le temps nécessaire pour que les réfugiés ou les immigrants ressentent un sentiment de soulagement à leur arrivée au Canada. Même le sentiment de sécurité relative peut prendre du temps à se réaliser. Chaque élément du processus de demande de refuge comporte une part de nouveauté et d'anxiété, mais au fur et à mesure que chaque défi est relevé avec succès, je m'attends à une lente diminution de l'inquiétude immédiate.
C'est plus difficile lorsque les défis ne peuvent être relevés facilement, par exemple lorsque le fait de ne pas connaître l'anglais ou le français complique les choses ou lorsque l'audition est retardée. Bien sûr, le fait de quitter le pays dans lequel le nouvel arrivant a été élevé, même s'il a dû le quitter pour survivre, s'accompagne généralement d'un sentiment de perte, de deuil, d'ennui, de nostalgie, etc. pendant toute sa vie, même si le nouvel arrivant se prête à l'incorporation lente et progressive de divers éléments de la nouvelle culture. La plupart des nouveaux arrivants viennent avec beaucoup d'espoir pour eux-mêmes et pour leurs enfants et sont impatients de s'adapter au Canada, ce qui est facilité par l'existence de bons services d'établissement, de soins de santé primaires, d'écoles, de cours de langue seconde, etc.
Trouver des moyens d'intégrer la culture précédente du nouvel arrivant dans sa vie au Canada (plutôt que de la rejeter) est utile pour consolider le sentiment d'identité élargi d'une personne. De nombreux nouveaux arrivants, si ce n'est la plupart, sont remarquablement capables de s'adapter et de s'établir, de se faire des amis, de se créer de nouveaux souvenirs et de planifier leur avenir. La littérature indique qu'il existe un défi d'adaptation bimodal, et qu'après avoir vécu au Canada pendant 10 ans, certains nouveaux arrivants éprouvent des difficultés. Malheureusement, il s'agit souvent de personnes qui étaient plus âgées à leur arrivée, qui n'ont pas appris l'anglais, qui n'ont pas pu travailler et qui géraient leur stress par le tabac et l'alcool. Cela montre peut-être une fois de plus à quel point les services aux nouveaux arrivants sont essentiels pour aider ces derniers à trouver ce dont nous avons tous besoin : logement, travail, école, langue, services de santé, accès à la pratique de la religion, etc.
Informations pertinentes par rapport au sujet :
L'effet de l'immigrant en bonne santé :
Il est prouvé que les nouveaux immigrants et réfugiés sont en meilleure santé, tant physique que mentale, que la population native à leur arrivée dans leur nouveau pays.
Avec le temps passé au Canada, l'avantage des nouveaux arrivants au niveau de la santé a tendance à diminuer, et leur santé physique et mentale commence à se détériorer.
En savoir plus
À propos de l’expert: Dre. Clare Pain
Dre. Claire Pain est une professeure adjointe au département de psychiatrie, Université de Toronto; directrice du programme des traumatismes psychologiques à l’hôpital Mount Sinai, Toronto; consultante au Centre canadien pour les victimes de la torture (CCVT); co-directrice du projet Toronto Addis Ababa Psychiatry Project (TAAPP); et coordonnatrice du programme Toronto Addis Ababa Collaboration
Program (TAAAC) avec l’Université de Toronto. Elle a reçu un doctorat honoris causa de l’Université Addis Ababa en 2014 pour son travail en santé mentale.
Son domaine d’intérêt clinique est l’évaluation et le traitement des patients, y compris les réfugiés, qui continuent de souffrir des effets de traumatismes psychologiques. Elle a enseigné et donné des conférences sur de divers aspects des traumatismes psychologiques, y compris les aspects transculturels et la santé mentale globale. Elle a publié de nombreux articles et deux livres : Le trauma et le corps : Une approche sensorimotrice de la psychothérapie avec Pat Ogden et Kekuni Minton (Norton, 2006); et The Impact of Early Life Trauma on Health and Disease: The Hidden Epidemic un livre édité avec Eric Vermetten et Ruth Lanius (Cambridge University Press, 2010).