La santé mentale des migrants exposés à des conflits armés avant leur migration : revue systématique et méta-analyse
AUTER.E.S Cristina Mesa-Vieira, Andreas D Haas, Diana Buitrago-Garcia, Zayne M Roa-Diaz, Beatrice Minder, Magda Gamba, Dante Salvador Jr, Daniel Gomez, Meghann Lewis, Wendy C Gonzalez-Jaramillo, Aurélie Pahud de Mortanges, Chepkoech Buttia, Taulant Muka, Natalia Trujillo, Oscar H Franco
Organisation Institut de médecine sociale et préventive et École supérieure des sciences de la santé, Université de Berne, Suisse
Date mai 2022
Résumé:
Contexte : L'exposition à un conflit armé est associée à des conséquences négatives sur la santé mentale. Cette étude vise à estimer la prévalence du trouble anxieux généralisé, du trouble dépressif majeur et du trouble de stress post-traumatique chez les migrants exposés à un conflit armé.
Méthodes : Plusieurs bases de données scientifiques spécialisées ont été utilisées pour extraire les études de 1994 à 2021 qui répondaient aux critères d'inclusion. Les études portant sur des populations cliniques ou sur des personnes atteintes de maladies chroniques n'ont pas été incluses. Les études incluses ont utilisé des entretiens psychiatriques standardisés pour évaluer le trouble anxieux généralisé, le trouble dépressif majeur ou le trouble de stress post-traumatique chez les migrants ayant été exposés à un conflit armé avant leur migration.
Résultats : 34 études ont été incluses sur les 13 935 études identifiées ; ces études concernaient 15 549 migrants. La prévalence du syndrome de stress post-traumatique actuel a été estimée à 31% (IC 95% 23-40) ; la prévalence du trouble dépressif majeur actuel à 25% (17-34) ; et la prévalence du trouble anxieux généralisé à 14% (5-35). L'âge le plus jeune était associé à une plus grande prévalence de l'état de stress post-traumatique actue et au cours de la vie et du trouble anxieux généralisé actuel.Une période plus longue depuis le déplacement était associée à une prévalence plus faible du trouble de stress post-traumatique au cours de la vie et du trouble dépressif majeur.Le fait de migrer vers un pays à revenu moyen ou faible était associé à une prévalence accrue du trouble anxieux généralisé.
Conclusion : les migrants exposés à des conflits armés présentent un risque élevé de troubles mentaux. Par conséquent, les besoins en soins de santé mentale de cette population devraient être évalués peu après la réinstallation, en accordant une attention particulière aux jeunes adultes.
Comment cette recherche s’applique-t-elle à mon travail?
Cette recherche pourrait vous être utile dans votre travail quand vous avez affaire à des clients qui ont été témoins de conflits armés. Ceci est important et pertinent étant donné que le Canada accueille de nouveaux réfugiés afghans et ukrainiens, dont certains proviennent de lieux de conflits armés. Cette revue systématique pourrait vous donner un résumé détaillé de l'état de santé mentale de cette population (nouveaux arrivants témoins de conflits armés) et de la façon dont les différentes caractéristiques et facteurs peuvent affecter les résultats de santé mentale. Cela pourrait également vous aider à être mieux préparé lorsque vous aidez ces clients et à les orienter vers les services appropriés.
Que dois-je retenir de cette recherche?
Les migrants qui sont exposés à des conflits armés sont affectés de manière disproportionnée par les troubles mentaux courants et ont un grand besoin de soins de santé mentale. Une attention particulière doit être accordée aux migrants qui sont de jeunes adultes récemment arrivés de zones touchées par des conflits. Les facteurs post-migratoires jouent un rôle crucial dans l'adaptation et le rétablissement après un traumatisme antérieur à la migration. En outre, les déterminants sociaux de la santé mentale (par exemple, la situation économique, le chômage, l'instabilité des conditions de logement, les barrières linguistiques, la discrimination, l'isolement social et l'incertitude quant au statut migratoire) sont des facteurs de stress auxquels les migrants sont confrontés pendant la réinstallation. Il est donc important de s'attaquer à ces facteurs de stress post-migratoires et de ne pas les miner.
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