Promouvoir la santé des réfugiées : Examen de la littérature intégrant le modèle socioécologique
AUTER.E.S Maren M. Hawkins, Marin E. Schmitt, Comfort Tosin Adebayo, Jennifer Weitzel, Oluwatoyin Olukotun, Anastassia M. Christensen, Ashley M. Ruiz, Kelsey Gilman, Kyla Quigley, Anne Dressel & Lucy Mkandawire-Valhmu
Date Février 2021
Résumé
Des facteurs individuels, interpersonnels, communautaires et organisationnels peuvent avoir des effets positifs ou négatifs sur la santé des réfugiées lors de leur établissement dans leur pays d’accueil. La plupart des études présentent ces facteurs séparément. Il n’y a pas eu de synthèse majeure sur l’interaction de ces facteurs et leur influence sur la santé des réfugiées. Les auteur.e.s ont effectué une analyse thématique dans le cadre d’un examen de la littérature afin de déterminer comment les fournisseurs peuvent collaborer avec les réfugiées pour prévenir la détérioration de leur santé et intervenir à plusieurs niveaux pour qu’elles obtiennent de meilleurs résultats en matière de santé après leur réinstallation.
On a constaté que les réfugiées sont vulnérables à la violence pendant la migration et qu’elles affichent généralement un taux élevé de trouble de stress post-traumatique (TSPT). En outre, on craint une victimisation secondaire des réfugiées après leur réinstallation de la part des fournisseurs de services. Les auteur.e.s ont également constaté que le soutien social joue un rôle important dans la réduction de l’isolement et améliore l’accès aux soins de santé ainsi que les résultats obtenus au chapitre de la santé mentale. Or, il est souvent difficile de maintenir le soutien social, qui est influencé par divers facteurs comme la maîtrise de l’anglais. Par ailleurs, la littératie en matière de santé, les différences culturelles, les problèmes de communication et les difficultés d’accès ont une incidence sur les soins de santé.
Les conclusions laissent croire que, sur le plan individuel et interpersonnel, il faut éliminer les barrières linguistiques, améliorer les communications entre les fournisseurs et les patientes et effectuer des évaluations adéquates de leur santé physique et mentale. Sur le plan organisationnel, la sensibilisation et la communication interorganisationnelles sont essentielles. Enfin, sur le plan communautaire, les fournisseurs peuvent collaborer avec les dirigeants communautaires pour sensibiliser la population, établir un dialogue et favoriser la collaboration afin d’améliorer la compréhension et de renforcer le soutien social dans la communauté. Il faut améliorer les communications et enrichir les connaissances au sujet des besoins et des préoccupations uniques des réfugiées en utilisant une approche intégrée ciblant plusieurs systèmes afin de permettre à ces femmes d’obtenir de meilleurs résultats en matière de santé.
Comment cette recherche s’applique-t-elle à mon travail?
Les fournisseurs de services doivent être conscients du fait que les réfugiées sont vulnérables à la violence pendant la migration et affichent généralement un taux élevé de trouble de stress posttraumatique. De plus, on craint une victimisation secondaire des réfugiées après leur réinstallation de la part des fournisseurs de services. Les programmes et services doivent donc être adaptés pour éviter cela.
Que dois-je retenir de cette recherche?
Les recherches précédentes n’utilisaient pas une approche globale pour l’examen des facteurs fondamentaux (p. ex., soutien social, obstacles au sein du système de santé et réalités culturelles) ayant une incidence sur la santé des femmes après leur établissement. La plupart des ouvrages abordant cette question portent sur une population précise et un résultat donné en matière de santé obtenu par les réfugiées. Or, cet examen montre que divers facteurs écologiques ont une incidence sur la santé de ces femmes après leur établissement.
Prochaine étape
Sur le plan individuel et interpersonnel : La communication avec les fournisseurs, ainsi que des évaluations de la santé et des aiguillages adéquats sont importants pour favoriser l’équité en matière de santé chez les réfugiées sur le plan individuel et interpersonnel. C’est pourquoi les fournisseurs de services doivent connaître les expériences qu’ont vécues les réfugiées et leur demander comment elles souhaitent être soignées et traitées afin de leur offrir des choix. De plus, les évaluations de la santé mentale, particulièrement avant et après la naissance d’un enfant, et le dépistage des TSPT, sont d’une importance cruciale pour les réfugiées.
En outre, les communications entre les fournisseurs et les réfugiées doivent viser notamment à sensibiliser ces femmes aux services à leur disposition.
Enfin, il faut effectuer une analyse critique, fondée sur des données probantes, des effets possibles des facteurs sociaux, politiques et historiques sur la santé des réfugiées et leur prodiguer des soins adaptés à leur réalité culturelle d’une façon qui ne rabaisse pas les populations de réfugiés, ne leur fait pas revivre un traumatisme et n’accroît pas leur marginalisation.
Sur le plan organisationnel : Les fournisseurs de soins de santé doivent connaître les autres organismes venant en aide aux réfugiés. Ils peuvent dresser une liste de ces organismes et des services offerts qu’ils remettront à leurs patients pour les aider à y accéder. On peut également avoir recours à des bénévoles pour aider les réfugiés à faire la transition entre les divers services de santé et à s’y retrouver au sein du système de santé.
Sur le plan communautaire : Les fournisseurs de services aux réfugiés peuvent sensibiliser les chefs religieux et les dirigeants communautaires aux stresseurs psychologiques avec lesquels les réfugiées doivent composer et les encourager à faire preuve de compassion envers ces femmes, à traiter les renseignements qu’elles leur divulguent de façon confidentielle et à communiquer régulièrement avec elles. Les femmes auront ainsi accès à un plus grand nombre de soutiens sociaux et il sera plus facile d’identifier celles qui sont à risque. Il pourrait être utile de dresser une liste des organismes locaux et des représentants communautaires et de collaborer avec eux afin de trouver des moyens de mieux servir les femmes. Par ailleurs, les fournisseurs doivent faire preuve de compassion ainsi que d’humilité culturelle lorsqu’ils prodiguent des soins aux femmes, et obtenir leur collaboration. La langue est souvent un obstacle de taille empêchant de se prévaloir des soutiens sociaux offerts par la communauté d’accueil. En encourageant les réfugiées à suivre des cours d’anglais ou en améliorant l’accès aux interprètes, on offrira à ces femmes un meilleur soutien social et on facilitera leur transition.