Il ne suffit pas de lire les manchettes pour mettre le doigt sur le problème.Bien que la maladie mentale, dont la dépendance, soit devenue une priorité pour les médias et les Canadiens en général au cours des dernières années, il est juste de dire que la plupart des gens ne comprennent pas encore vraiment à quel point la crise est grave, onéreuse et potentiellement destructrice, tant sur le plan sociétal que personnel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
C’est un problème mondial, et personne n’en est prémuni.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 450 millions de personnes sont actuellement atteintes d’une maladie mentale, ce qui en fait la première cause d’invalidité dans le monde. Ici, chez nous, elle touche plus de 6,7 millions de personnes. En fait, un Canadien ou Canadienne sur deux est ou a été atteint d’une maladie mentale avant ses 40 ans. Des statistiques alarmantes comme celles-ci ne font que souligner l’urgence de s’impliquer d’une manière ou d’une autre.
Le coût pour la société est lourd
La maladie mentale est l’une des principales causes d’invalidité au pays, empêchant près de 500 000 travailleurs canadiens de se rendre au travail chaque semaine. Pour compliquer les choses, le coût des congés d’invalidité attribuables à une maladie mentale est environ le double du coût des congés attribuables à une maladie physique. Tout compte fait, le fardeau économique de la maladie mentale au Canada est estimé à 51 milliards de dollars par année, ce qui comprend les coûts des soins de santé, la perte de productivité et la réduction de la qualité de vie liée à la santé.
Le coût humain est encore plus élevé
Beaucoup de personnes ne considèrent pas la maladie mentale comme une maladie dont on peut mourir; du moins pas de la même façon que les gens meurent d’un cancer, d’une maladie cardiaque ou du diabète. Pourtant, la relation entre les dépendances et d’autres formes de maladie mentale et leur lien avec la santé physique est indéniable. Là encore, les chiffres ne mentent pas.
- Les surdoses d’opioïdes sont maintenant responsables de plus de décès au Canada que les accidents d’automobile.
- L’Organisation mondiale de la santé estime qu’une personne se suicide toutes les 40 secondes.
- Plus de 4 000 Canadiens se suicident chaque année, soit une moyenne de 11 par jour.
- Les personnes atteintes de troubles de l’humeur courent un risque beaucoup plus élevé de développer une maladie physique à long terme.
- Les personnes atteintes d’une maladie mentale sont deux fois plus susceptibles d’avoir un problème de consommation de substances que la population générale.
- Les personnes atteintes d’une maladie mentale et d’une dépendance sont plus susceptibles de mourir prématurément que la population générale.
- Le tabagisme est la principale cause de mortalité prématurée au Canada.
L’accès aux services est un obstacle de taille
Bien que la maladie mentale représente environ 10 pour cent du fardeau de la maladie en Ontario, elle ne reçoit que sept pour cent de l’argent consacré aux soins de santé. Ce manque à gagner, totalisant près de 1,5 milliard de dollars, creuse l’écart avec la capacité du système de prévoir des interventions ponctuelles et de prodiguer des soins de longue durée adéquats.
- Seulement la moitié des Canadiens qui vivent un épisode dépressif majeur reçoivent des « soins potentiellement adéquats ».
- Un tiers des Canadiens âgés de 15 ans ou plus qui déclarent avoir besoin de soins de santé mentale affirment que ces besoins n’ont pas été entièrement comblés.
- 75 % des enfants atteints de troubles mentaux n’ont pas accès à des services de traitement spécialisés.
- Les jeunes Autochtones sont cinq à six fois plus susceptibles de se suicider que les jeunes non-Autochtones. Les taux de suicide chez les jeunes Inuits sont parmi les plus élevés au monde, soit 11 fois la moyenne nationale.
Faire de la santé mentale une priorité canadienne
CAMH a pour mandat de sensibiliser le public, d’influencer les politiques publiques et de favoriser le changement social. Ces efforts ne sont possibles que grâce à l’excellence clinique, en recherche et en enseignement, et à la démarche fondée sur des données probantes en matière de défense des droits. Mais, nous avons tous un intérêt dans la crise, et votre voix est aussi, sinon plus, importante que la nôtre.
Nous avons besoin de votre appui pour changer le statu quo et créer une étincelle d’espoir pour tous les Canadiens. Vous pouvez aider les gens à comprendre la vérité sur la stigmatisation. Vous pouvez devenir un agent de changement en faisant un don mensuel. Ou, vous pouvez simplement accepter la mission d’aider ceux qui vous entourent à comprendre que la santé mentale est tout simplement la santé. Et que nous pouvons tous faire quelque chose.