Le 7 juillet 2021 (Toronto) – En réponse à la multiplication des données probantes qui révèlent une forte hausse du nombre de décès par surdose d’opioïdes depuis le début de la pandémie de COVID-19, le Centre de toxicomanie et santé mentale (CAMH), en collaboration avec des spécialistes en la matière et des autorités médicales de réglementation partout au pays, a publié des lignes directrices nationales actualisées sur le traitement du trouble de l’usage des opioïdes. Intitulée Opioid Agonist Therapy: A Synthesis of Canadian Guidelines for Treating Opioid Use Disorder, cette publication regroupe dans le même document les lignes directrices provinciales et nationales existantes ainsi que les pratiques fondées sur des données probantes et les opinions d’experts; elle a pour but d’assurer la prestation de soins cohérents et de qualité supérieure aux personnes aux prises avec le trouble de l’usage des opioïdes.
Le traitement par agonistes opioïdes (TAO) s’avère le traitement de première intention chez les personnes atteintes du trouble de l’usage des opioïdes. Il s’agit d’administrer à ces dernières des médicaments qui éliminent les symptômes de sevrage, réduisent les états de manque et préviennent les décès par surdose en cas de rechute. C’est le traitement le plus efficace du trouble de l’usage des opioïdes; en effet, il a été prouvé scientifiquement que ces médicaments sauvent des vies, même chez les personnes qui consomment du fentanyl. La combinaison de ce traitement aux services de counseling et à la gestion des causes et des conséquences sociales de la dépendance peut permettre aux personnes touchées de se rétablir complètement et de reprendre leur vie en main. Le TAO est un traitement à long terme et il peut falloir quelques tentatives avant d’obtenir le résultat voulu.
« D’un bout à l’autre du Canada, la COVID-19 a nettement changé la situation sur le terrain en ce qui concerne la crise des opioïdes, d’où l’importance de mettre en place des lignes directrices évolutives qu’on peut actualiser à mesure que les circonstances changent et que de nouvelles données probantes émergent, explique le Dr Peter Selby, chercheur clinicien à la Division de traitement des dépendances et représentant de CAMH dans le cadre de cette initiative. Par exemple, nous voulions modifier certains des anciens règlements qui entravaient la prestation de soins axés sur la personne et le maintien du traitement. Il s’agit là d’un élément clé, car plus longtemps les gens poursuivent le traitement, mieux ils se rétablissent et moins ils risquent de mourir d’une surdose d’opioïdes. »
Les nouvelles lignes directrices sont fondées sur les derniers renseignements et des stratégies éprouvées en milieu clinique qui aident les patients à venir à bout de leur dépendance aux opioïdes. Il s’agit d’avoir recours à de nouveaux modes d’administrer les médicaments, notamment par injection, ainsi que d’allonger la liste de médicaments pour les personnes qui ne répondent pas aux traitements traditionnels. En outre, les lignes directrices comportent moins de restrictions réglementaires et proposent de nouvelles stratégies pour combattre la stigmatisation afin de favoriser l’adhésion au traitement.
« Comme c’est le cas pour le traitement de la consommation de toute autre substance, le TAO doit répondre aux besoins et aux objectifs particuliers de chaque patient, ajoute la Dre Narges Beyraghi, psychiatre spécialisée en traitement des dépendances à CAMH. Le parcours de rétablissement varie d’une personne à l’autre et chacune pourrait répondre à différentes composantes du traitement. Or, dans les nouvelles lignes directrices, on a tâché de tenir compte du genre et de l’âge de chaque patient ainsi que des problèmes de santé physique et mentale qui pourraient entraver l’accès à des soins ou à des soins équitables. »
Selon une étude publiée par CAMH en avril, un grand nombre de personnes qui consommaient régulièrement des opioïdes au début de la pandémie ont signalé craindre plus qu’avant de mourir d’une surdose et ce, en grande partie en raison de la réduction de l’approvisionnement en drogues de la rue. Celles-ci coûtaient donc plus cher, étaient plus difficiles à obtenir et étaient d’origine et de puissance inconnues. Par ailleurs, les mesures de confinement instaurées partout au pays ont augmenté le risque de consommer seul.e et de ne pas avoir d’aide en cas de surdose. Ce risque a été exacerbé par la réduction de l’accès aux services de réduction des méfaits, comme les centres d’injection supervisée. Tous ces facteurs ont fait craindre aux experts que la pandémie de COVID-19 entraînerait une hausse du nombre de décès attribuables aux opioïdes, et de nouvelles statistiques publiées récemment par Santé publique Ontario ont validé ces craintes. En effet, on a signalé une hausse de 60 pour cent des décès causés par les opioïdes.
« Le trouble de l’usage des opioïdes touche un groupe vaste et diversifié de Canadien.ne.s, affirme la Dre Marina Reinecke, médecin consultante au Programme sur les pratiques de prescriptions de l’Ordre des médecins et chirurgiens du Manitoba. Au Manitoba, nos patients vivent dans des milieux urbains, ruraux et éloignés et ont des besoins variés en matière de soins. Il n’est pas rare que ces besoins se heurtent à l’accès inéquitable aux services de soins de santé, ce qui intensifie la tragédie associée à ce trouble des plus traitables. Les nouvelles lignes directrices fournissent des directives fondées sur des données probantes ainsi que des renseignements utiles pour les clinicien.ne.s de première ligne dans tous les milieux de soins, ce qui permet à ces derniers de donner espoir aux Canadien.ne.s, où qu’ils vivent, et de promouvoir leur santé. »
« Toutefois, les lignes directrices à elles seules ne changent pas les pratiques, ajoute la Dre Beyraghi. Ce qui change les pratiques, c’est une combinaison de modifications des politiques visant à atténuer la stigmatisation structurelle et sociétale et à rehausser l’éducation. CAMH offre plusieurs cours qui aident les fournisseurs à acquérir et à perfectionner des compétences leur permettant de traiter de façon humanitaire et respectueuse les personnes atteintes du trouble de l’usage des opioïdes. Nous avons aussi d’excellentes ressources destinées aux personnes qui consomment des opioïdes et à leurs proches pour les aider à faire un choix éclairé par des données scientifiques concernant le traitement. »
Consultez le site Web de CAMH pour en savoir davantage sur les lignes directrices actualisées sur le traitement du trouble de l’usage des opioïdes ainsi que pour découvrir d’autres ressources sur le TAO.
À propos du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH)
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) est le plus grand hôpital d’enseignement spécialisé en santé mentale et en traitement des dépendances au Canada. L’hôpital est un centre de recherche de premier plan au monde. CAMH intègre les soins cliniques, la recherche scientifique ainsi que les activités de sensibilisation, d’élaboration de politiques et de promotion de la santé en vue de transformer la vie des personnes touchées par des problèmes de dépendance et de santé mentale. Affilié à part entière à l’Université de Toronto, CAMH est un Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’Organisation panaméricaine de la Santé. Pour en savoir plus, visitez www.camh.ca/fr ou suivez @CAMHnews sur Twitter.
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