Toronto, 21 août 2024 – Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) a publié aujourd’hui un compte rendu du Sondage de 2023 sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l’Ontario (SCDSEO), lequel révèle un déclin global inquiétant de la santé mentale de cette population.
Les principaux constats sont les suivants : 38 % des élèves estiment que leur santé mentale n’est pas très bonne ou qu’elle est mauvaise, et une proportion similaire (37 %) d’élèves indiquent subir un degré de stress élevé; en outre, plus de la moitié (51 %) des élèves ont dit ressentir une détresse psychologique modérée ou grave, une proportion qui a doublé au cours de la dernière décennie. Dix-neuf pour cent (19 %, soit environ un cinquième) des élèves ont déclaré s’être infligé volontairement des blessures et 18 % (soit environ un sixième) ont déclaré avoir eu des idées suicidaires graves au cours de l’année.
Les données ont été recueillies entre novembre 2022 et juin 2023 auprès de 10 145 élèves de la 7e à la 12e année fréquentant 235 écoles réparties dans 46 conseils scolaires de l’Ontario. Les données recueillies dans le cadre du SCDSEO de 2023 constituent l’un des tableaux les plus complets sur la santé mentale des jeunes de la province et sur leur consommation de substances psychotropes. Elles offrent de précieuses indications concernant les conditions actuelles ainsi que le long terme (comparativement aux sondages antérieurs).
« Ces données brossent un tableau préoccupant de la santé mentale des jeunes de l’Ontario, a déclaré la Dre Hayley Hamilton, codirectrice de l’Institut de recherche en politiques de santé mentale et responsable du sondage. Actuellement, plus de la moitié des élèves de l’Ontario signalent des symptômes de dépression et d’anxiété, et un tiers d’entre eux (31 %) estiment que leur capacité à composer avec les difficultés de la vie est moyenne ou médiocre. Cette tendance révèle que la génération actuelle est soumise à un stress croissant et qu’il est nécessaire d’accroître les investissements dans le domaine de la santé mentale des jeunes. »
Consommation de substances psychotropes
Côté positif, le sondage a confirmé une baisse significative de la consommation de substances psychotropes chez les jeunes de l’Ontario au cours des dernières décennies. Dix-sept pour cent des élèves (17 %) ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l’année, une proportion qui a diminué depuis 2019, l’année qui a suivi la légalisation du cannabis pour les adultes. La consommation d’alcool a également progressivement diminué au cours des 25 dernières années, un tiers seulement des élèves (36 %) ayant déclaré avoir bu de l’alcool au cours de l’année. De même, le pourcentage d’étudiants fumant la cigarette s’est considérablement réduit, atteignant 3,2 % en 2023. En outre, environ 13 % des élèves (soit environ un huitième) ont déclaré avoir vapoté au cours de l’année, une proportion en baisse depuis 2019.
Il convient toutefois de signaler que, pour la première fois, le pourcentage de filles consommant certaines substances a dépassé celui des garçons. Plus précisément, les filles sont plus nombreuses à consommer du cannabis (21 % contre 15 %), à vapoter (18 % contre 9 %) et à boire de l’alcool (39 % contre 33 %)
« Bien qu’on ait constaté une baisse significative de la consommation d’alcool et de cannabis chez les jeunes au cours des dernières décennies, le taux plus élevé de consommation de drogues chez les filles est assurément préoccupant, observe la Dre Leslie Buckley, cheffe de la Division du traitement des dépendances. Nous avons besoin de plus de données pour mieux cerner ce qui sous-tend cette tendance, mais cela pourrait indiquer que les filles subissent des pressions plus fortes. »
Temps d’écran et réseaux sociaux
Plus de trois quarts (78 %) des élèves déclarent passer trois heures ou plus par jour devant un écran électronique pendant leur temps libre. En outre, la grande majorité (94 %) des élèves fréquentent quotidiennement les réseaux sociaux. Environ un quart (23 %) des élèves passent cinq heures ou plus par jour sur les réseaux sociaux.
La Dre Alexia Pollilo, membre du personnel de recherche du Centre de la famille Slaight pour les jeunes en transition vers l’âge adulte de déclarer : « Bien qu’il existe des preuves liant l’utilisation accrue des écrans électroniques à une mauvaise santé mentale chez les enfants et les adolescents, on n’a pas assez de données à ce stade pour conclure que les réseaux sociaux provoquent une détresse accrue chez les jeunes. Les jeunes d’aujourd’hui évoluent dans un environnement numérique qui fait désormais partie intégrante de leur vie et qui comporte à la fois des bons côtés et des risques. Nous avons besoin de recherches plus ciblées sur l’impact des réseaux sociaux pour pouvoir élaborer des lignes directrices et stratégies fondées sur des données probantes, afin de favoriser un usage judicieux du numérique. »
Répercussions des changements climatiques
Le sondage a révélé que les changements climatiques continuaient d’avoir un effet important sur le moral des élèves. Dix-huit pour cent (18 %, soit environ un sixième) des élèves se disent très préoccupés ou extrêmement préoccupés par les changements climatiques et près de la moitié d’entre eux (45 %) sont démoralisés face à l’avenir en raison de ce problème. Ces chiffres correspondent à ceux de 2021, année où ces questions ont été introduites, ce qui montre que cette génération de jeunes continue d’être préoccupée par les questions environnementales.
Obstacles au recours aux soutiens en santé mentale
Dans le cadre du SCDSEO, on a interrogé les jeunes sur les obstacles au recours à des services de santé mentale. Un tiers (33 %) des élèves ont déclaré avoir ressenti le besoin de consulter un·e spécialiste de la santé mentale au cours de l’année, mais sans y donner suite. Les raisons le plus fréquemment invoquées pour cet état de choses étaient les suivantes : ils pensaient pouvoir se débrouiller seuls, ils avaient peur de ce qu’on penserait d’eux et ils étaient « trop occupés ».
« Que ceci soit un appel à l’action pour les parents et les jeunes, a ajouté la Dre Buckley. Nous devons absolument continuer à œuvrer pour éliminer les obstacles à la recherche de services professionnels. Si vous êtes en difficulté, sachez que vous pouvez obtenir de l’aide et que c’est un signe de force et non de faiblesse que d’en demander. »
-30-
À propos du SCDSEO
Le Sondage sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l’Ontario (SCDSEO) est réalisé tous les deux ans par l’Institut de recherche sur les politiques de santé mentale de CAMH depuis 1977. Le SCDSEO est le plus ancien sondage permanent mené auprès des adolescents en milieu scolaire au Canada et l’un des plus anciens au monde. Les résultats du sondage sont décrits dans deux rapports : un sur la santé mentale et un deuxième sur la consommation de drogues. Les rapports contiennent des données sur la consommation de drogues, la santé mentale, la santé physique, les jeux de hasard et d’argent, l’intimidation et d’autres comportements à risque chez les élèves de l’Ontario. Toutes les données reposent sur les réponses des élèves à des questionnaires anonymes distribués en classe. Le sondage a été administré par l’Institut de recherche sociale de l’Université York pour le compte de CAMH.
À propos du Centre de toxicomanie et de santé mentale
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) est le plus grand hôpital d’enseignement spécialisé en santé mentale et en traitement des dépendances au Canada. L’hôpital est un centre de recherche de premier plan au monde. CAMH intègre les soins cliniques, la recherche scientifique ainsi que les activités de sensibilisation, d’élaboration de politiques et de promotion de la santé en vue de transformer la vie des personnes touchées par des problèmes de santé mentale et de dépendance. Affilié à part entière à l’Université de Toronto, CAMH est un Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’Organisation panaméricaine de la Santé. Pour en savoir plus, visitez www.camh.ca/fr ou suivez @CAMHnews sur X (Twitter).
Renseignements pour les médias :
Service des relations avec les médias de CAMH
media@camh.ca