26 juin 2024 (Toronto, Canada) – Une nouvelle étude menée par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), le Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, situé en France, et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a révélé que les personnes alcoolodépendantes qui se soumettent à un traitement de réadaptation ou restent abstinentes courent un risque beaucoup plus faible de développer un cancer lié à l’alcool. L’article sur le sujet, intitulé Alcohol rehabilitation and cancer risk: a nationwide hospital cohort study in France , a été publié aujourd’hui dans la revue Lancet Public Health. Il s’agit de l’étude la plus importante en son genre à fournir des données probantes établissant un lien entre l’abstinence ou une consommation réduite d’alcool et une diminution du risque de développer un cancer attribuable à l’alcool, notamment le cancer du foie ou de la gorge.
Cette étude de cohorte rétrospective menée à l’échelle nationale a permis d’analyser des données sur plus de 24 millions d’adultes français habitant tous l’Hexagone qui ont obtenu leur congé d’un hôpital entre 2018 et 2021. Les chercheurs ont découvert qu’environ 6,3 % des hommes et 1,6 % des femmes présentaient une alcoolodépendance, laquelle était étroitement associée à un cancer lié à l’alcool, notamment à un carcinome hépatocellulaire, à un cancer de la cavité buccale, du pharynx, du larynx ou de l’œsophage ou à un cancer colorectal, chez les personnes des deux sexes. Toutefois, ils ont également constaté que les traitements de réadaptation ou que des antécédents d’abstinence étaient associés à un risque considérablement plus faible de développer un cancer lié à l’alcool que l’alcoolodépendance sans réadaptation ni abstinence, ce qui met en lumière l’efficacité des stratégies thérapeutiques dans la lutte contre le risque de développer un cancer lié à l’alcoolodépendance.
« L’équipe de chercheurs a été surprise de constater l’ampleur de l’effet des interventions thérapeutiques dans le cadre de cette étude », d’affirmer M. Jürgen Rehm, Ph. D., scientifique principal à l’Institut de recherche en politiques de santé mentale (en anglais seulement) de CAMH et auteur principal de l’étude. « Nous savons que le traitement de l’alcoolodépendance est efficace, mais le fait que l’alcoolodépendance est souvent une maladie chronique récurrente nous fait oublier que, malgré les récidives, les périodes d’abstinence diminuent considérablement le risque de développer un cancer ou d’autres maladies chroniques. »
« Du point de vue de la santé publique, notre recherche met en évidence le fait que, comparativement à d’autres problèmes de santé, l’alcoolodépendance est négligée tant sur le plan de la recherche que sur celui des priorités en matière de politiques, ce qui s’avère inquiétant », d’ajouter l’auteur principal de l’article, le Dr Michaël Schwarzinger, Unité hospitalière en prévention, Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux. « Par conséquent, l’alcoolodépendance demeure une horrible épidémie silencieuse dans des pays comme la France, d’autant plus que la consommation d’alcool moyenne par habitant chez les adultes de ce pays est plus de deux fois supérieure à la consommation moyenne mondiale. »
« Nous savons que la stratégie la plus efficace pour atténuer le fardeau global des méfaits causés par l’alcool, dont le cancer, réside dans l’instauration de politiques au niveau des populations, soit des mesures comme la hausse des taxes sur l’alcool, la diminution de la disponibilité de l’alcool et l’interdiction ou la restriction du marketing », a déclaré Mme Carina Ferreira-Borges, Ph. D., qui est conseillère régionale pour Alcool, drogues illicites et santé pénitentiaire au Bureau européen de l’OMS. « Néanmoins, cette étude met en évidence le fait que la réponse des systèmes de santé est également essentielle pour atténuer le risque de développer un cancer attribuable à l’alcool. En augmentant l’accessibilité aux interventions favorisant la réadaptation et l’abstinence des personnes alcoolodépendantes dans les établissements de santé, les pays en feraient ainsi davantage pour protéger leur population contre les cancers évitables. Nous réclamons donc l’injection de fonds supplémentaires dans les services de réadaptation et de traitement pour les troubles de l’usage de l’alcool en France et dans d’autres pays de la Région européenne de l’OMS. »
La Dre Leslie Buckley, cheffe de la Division de traitement des dépendances de CAMH, a insisté sur l’importance des constatations suivantes :
« Au Canada, le nombre d’admissions à un hôpital pour une affection attribuable à l’alcool dépasse le nombre d’admissions pour un infarctus du myocarde, et de nombreuses personnes se heurtent à des obstacles lorsqu’elles souhaitent accéder à des traitements fondés sur des données probantes, et ce, en raison de la stigmatisation et de difficultés d’accès à des soins en personne. Des innovations telles que les traitements virtuels permettent de lever ces obstacles en leur offrant des solutions flexibles et économiques. À CAMH, nous menons des recherches sur la prestation de programmes de jour entièrement virtuels. Ces programmes sont prometteurs, car ils sont aussi intenses que les programmes de réadaptation traditionnels, sans toutefois nécessiter une infrastructure physique, ce qui diminue les temps d’attente et facilite l’accès aux traitements.
Vu l’augmentation imminente de la disponibilité de l’alcool en Ontario, nous devons absolument nous demander comment nous pourrions rendre les traitements plus accessibles. Cette augmentation de la disponibilité de l’alcool se traduira probablement par une hausse de la consommation; or, la prestation de programmes de traitement virtuels pourrait pallier ce problème en offrant des soins essentiels aux personnes qui en ont besoin. »
Cette étude de recherche a été financée dans le cadre du programme « L’UE pour la santé » (EU4Health) de l’Union européenne.
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À propos du Centre de toxicomanie et de santé mentale
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) est le plus grand hôpital d’enseignement spécialisé en santé mentale et en traitement des dépendances au Canada. L’hôpital est un centre de recherche de premier plan au monde. CAMH intègre les soins cliniques, la recherche scientifique ainsi que les activités de sensibilisation, d’élaboration de politiques et de promotion de la santé en vue de transformer la vie des personnes touchées par des problèmes de dépendances et de santé mentale. Affilié à part entière à l’Université de Toronto, CAMH est un Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’Organisation panaméricaine de la Santé. Pour en savoir plus, visitez www.camh.ca/fr ou suivez @CAMHnews sur Twitter.
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